4th of Nocturnes series, acrylic paintings on paper
“J’ai peur (…) qu’il y ait de moins en moins de visages remarquables – Ce qui rend remarquable un visage c’est la manière dont la lumière des épreuves tape sur ce visage et le révèle, en révèle les reliefs, le creuse, le forge. Ce qui est très dommageable aujourd’hui c’est l’irréel. C’est la puissance infernale de l’irréel. (…) Et ça c’est sans doute assez grave, parce que il y a une chose qui ne meurt jamais, que la mort ne peut pas toucher : c’est le réel * – c’est à dire ce qui a été aimé dans cette vie. C’est ce qui a été vraiment vécu, ce qui a été donné vraiment. C’est ce qui nous a été arraché, c’est ce qui nous a blessé ou réjoui profondément, charnellement, spirituellement. Ces choses-là (…) On ne peut pas mettre une plaque dessus. Elles continuent à vivre. Elles continuent à nous nourrir aussi. Par contre, tout ce qui aura été vécu d’irréel la mort l’engloutit et ne le rend pas.”
Christian Bobin, dans Les étincelles de Christian Bobin, RTS 2011
* “Le réel, c’est quand on se cogne”
Jacques Lacan